C’est une confusion très commune d’après mon expérience. En effet, la grande majorité de la population ressentant l’attirance sexuelle, il leur paraît aller de soi que tomber amoureux va de pair avec un désir de relations sexuelles. C’est cette évidence qui n’existe pas pour les asexuels.
Or, l’humanité sait depuis toujours en fait qu’il est tout à fait possible de ressentir de l’attirance sexuelle envers quelqu’un pour lequel on n’éprouve pas de sentiment. Ce sont donc deux choses qui peuvent être ressenties séparément. Pour les asexuels, il est tout à fait possible d’éprouver des sentiments amoureux pour une personne envers laquelle on ne ressent aucune attirance sexuelle.
Mais, me direz-vous, comment sais-tu qu’il s’agit d’amour et pas d’amitié ? Je répondrais que je le sais de la même façon que les personnes qui ne sont pas asexuelles le savent. Car après en avoir parlé à de nombreuses personnes de mon entourage (et effectivement, il s’agit d’une grande majorité de femmes), l’attirance sexuelle envers une autre personne n’est pas la seule composante du sentiment amoureux. Je sais, je viens d’enfoncer une porte ouverte ! Mais c’est exactement ça en fait. On tombe amoureux de tout ce qui fait la personne, la perception que l’on a de sa personnalité, de ses qualités, de son expérience, la façon dont elle se comporte avec les autres, avec nous … Et ces exigences ne sont bien entendu pas les mêmes selon que l’on considère une relation amicale ou une relation amoureuse.
Par ailleurs, considérons la première phase de la relation amoureuse, que certains chercheurs appellent la passion amoureuse. Déjà, je le dis tout de suite, je ne pense pas qu’elle soit systématique, mais c’est souvent ainsi qu’est représentée la naissance du sentiment amoureux. Les chercheurs la décrivent comme « une expérience subjective assez stéréotypée, involontaire, difficile à contrôler et transitoire. Elle serait caractérisée par des pensées obsessives et une attention intense portée à un autre individu auquel on attribue toutes les qualités en minimisant les défauts »[1]. L’article que je cite introduit ensuite le désir sexuel comme résultant de cet état, mais comme le savent les asexuels romantiques, ce n’est pas obligatoire, mais tout le reste peut être vrai.
Génial ! me direz-vous, en fait, pour vous, le physique ne compte pas ! Et non, malheureusement, ce n’est pas aussi simple, ce n’est donc pas moi qui vous dirai que l’amour, ce n’est pas compliqué ! Comme tout le monde, les asexuels tombent amoureux parce que nous sommes aussi sensibles au physique de la personne en face de nous : nous apprécions sa forme, aimons entendre sa voix, respirer son odeur, sommes touchés par le charme qu’il dégage … C’est pour tout le monde pareil en fait. C’est juste que pour les asexuels, cette expérience ne s’accompagne pas de pensées liées au sexe.
Et comme pour les orientations sexuelles, il existe des orientations romantiques. Il est ainsi possible d’être hétéro-romantique, homo-romantique, bi-romantique pour citer les plus communes. Et la personne aromantique est quelqu’un qui ne ressent pas de sentiment amoureux envers autrui. Mais comme ce n’est pas mon cas, je peux difficilement en parler. Donc, si vous m’avez suivie, une personne asexuelle hétéro-romantique, comme moi par exemple, ne ressent pas d’attirance sexuelle, mais peut être déjà tombée amoureuse, et plusieurs fois dans sa vie. Ce n’est pas la chose la plus simple, mais ce n’est pas non plus exceptionnel. Et surtout, le plus important, c’est que ce n’est pas incompatible !
J’espère que cet article vous a été utile, n’hésitez pas à laisser des commentaires !
[1] Source : Les multiples visages du sentiment amoureux, http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_04/i_04_p/i_04_p_des/i_04_p_des.html
