Le doute de son asexualité et l’estime de soi

Je venais de prendre mon premier emploi quand une recherche sur internet m’a fait rencontrer le terme d’asexualité une première fois. Mais je n’étais pas prête à accepter, à mettre ainsi un mot sur la différence que je ressentais depuis une dizaine d’année entre moi et les autres. Ont suivi quelques quinze années pendant lesquelles je me suis efforcée de me conformer, d’être comme les autres, d’être normale. Et si vous êtes sur ce blog, vous savez qu’après toutes ces années, je suis enfin arrivée à accepter qui j’étais, et surtout qui je n’étais pas, ce qui m’a apporté un grand soulagement et une paix intérieure pour laquelle j’éprouve de la gratitude tous les jours.

Est-ce que ça signifie pour autant que depuis, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes quant à mon rapport à mon asexualité ? Oui, 99% du temps. Donc non en fait. C’est certainement lié à des variations d’humeur ; il m’arrive encore de me demander si je ne me suis pas trompée, si je suis réellement asexuelle, s’il n’existe pas un moyen pour moi d’être plus normale, si vraiment il n’existe pas quelqu’un, quelque part, qui susciterait chez moi une attirance physique d’autant plus intense que cette personne serait rare …

Il m’arrive encore de penser que mes coups de blues et de moins bien pourraient être instantanément résolus, et soyons fous, ne même pas arriver si j’avais cette personne particulière dans ma vie qui m’aimerait tellement et me rendrait si heureuse que j’aurais l’impression d’avoir enfin trouvé la pièce que j’ignorais qu’il me manquait … Oui, oui, comme on le dit dans les films, dans les livres, comme chacun est supposé la chercher et parvenir à la félicité suprême s’il la trouve.

Alors que je sais que j’ai déjà trouvé cette personne si importante dans ma vie et qui est la seule clé de mon bonheur, et cette personne, c’est moi-même, lorsque j’ai décidé de m’aimer de façon inconditionnelle. Je sais, c’est extrêmement convenu de le dire, c’en est même devenu gnangnan, mais pour moi, ça reste une des vérités essentielles à comprendre dans la vie.  Nous grandissons en cherchant l’approbation des autres : d’abord de nos parents, de notre famille, des copains, des enseignants, puis si nous n’y prenons pas garde, nous gardons ce besoin vis-à-vis de nos amis, de nos supérieurs hiérarchiques au travail, de notre conjoint … Je dirais que je suis devenue pleinement adulte le jour où j’ai compris que l’estime que j’avais de moi-même pouvait, et devait être indépendante du jugement ou du regard des autres.

Le rapport avec l’asexualité ? J’y viens. Il est que pour moi, dans ces moments de doute où je me convainc que quand même, ma vie serait tout de même plus facile si je n’étais pas asexuelle, ou à tout le moins si je refusais de vivre en désaccord avec mon asexualité, c’est mon estime de moi qui se révolte. Elle me dit que c’est normal de ne pas être heureuse tout le temps, de ne pas être au top tous les jours, et que l’asexualité n’a rien à voir avec ça. Qu’il est vain et futile de penser que quelqu’un d’autre supprimerait ces instants de moins bien, comme un enfant qui se tourne vers ses parents quand il est triste pour être rassuré. Que de toute façon, être asexuelle ne veut pas dire que je ne trouverai pas quelqu’un de spécial avec qui faire un bout de chemin. Qu’être asexuelle n’est ni une force ni une faiblesse dans ma vie, et encore moins un problème, que c’est qui je suis, de la même façon que je suis grande, et que je suis curieuse. Et surtout, elle me dit que c’est passager, et que quelque soit la cause de ce coup de blues, ça va passer, et qu’il me restera toujours moi, asexuelle et pleins d’autres choses, et mes rêves aussi pour continuer à avancer et vivre.

Un jour, j’ai choisi de symboliser mon engagement de m’aimer inconditionnellement telle que j’étais, et je me suis acheté une alliance, que je porte à l’annulaire de la main droite. Pour renforcer le symbole, je l’ai choisie en céramique noire, parce que mon asexualité reste ce que j’ai eu le plus de difficultés à comprendre et à accepter chez moi. Est-ce que ça éloigne totalement ces moments de doute ? Non, il m’est très précieux mais ce n’est pas un anneau magique. Cependant, je me rappelle en le regardant que d’une part, j’ai la chance de savoir qui je suis, et que d’autre part, je suis exactement parfaite telle que je suis.

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