Asexuelle, comment en être sûre ?

Je commencerai par dire que le titre de l’article est quelque peu trompeur, car je n’ai pas de méthode miracle ou de questionnaire à proposer pour répondre définitivement à la question de savoir si une personne est asexuelle ou non. Je ne peux que partager mon expérience et donner des pistes de réflexion. Il appartient à chacun de se déterminer en son for intérieur sur sa propre orientation sexuelle, et d’y attacher une étiquette ou non.

Est-ce que je suis attirée par les autres personnes ?

Commençons par le début. Je sais que je suis asexuelle parce que je ne ressens pas d’attirance physique ou sexuelle pour les autres personnes. C’est dans la définition. Cela pourrait sembler très simple d’un premier abord, sauf que dans les faits ça ne l’est pas du tout. En effet, il est très difficile de nommer quelque chose qu’on n’a jamais ressenti. Surtout que c’est tellement ancré dans l’esprit des gens que tout le monde ressent de l’attraction physique, que c’est un acquis, et que personne n’en parle jamais. Qui a besoin de décrire ce qu’il ressent quand il a faim, ou quand il est joyeux ? Il lui suffit de le dire pour que tout le monde sache de quoi il parle n’est-ce pas ? Et bien, il se trouve que quand quelqu’un me dit qu’il désire un tel ou une telle, je ne sais pas de quoi il parle.

Alors ça passe par les descriptions que les autres peuvent en faire. Et c’est beaucoup plus difficile que ce qu’on penserait. Le sexe étant partout, l’amour et le couple hétérosexuel monogame étant la norme omniprésente, je me serais attendue à trouver des listes de manifestations corporelles de l’attirance physique pour une autre personne. Et non, mon ami Google pour une fois me laisse plutôt démunie. Beaucoup de ressources traitent de la séduction, de ce qui suscite l’attirance physique et de comment la provoquer chez une autre personne, ou de savoir si une autre personne partage l’attirance physique que l’on ressent soi. Mais très peu décrivent les sensations ou les pensées associées.

Qu’est-ce qu’on ressent quand on est attiré par une autre personne ?

Alors, je vous invite à en parler autour de vous et de demander aux femmes et aux hommes ce qu’ils ressentent dans leur corps et quelles sont leurs pensées quand  ils se sentent attirés par une autre personne. Vous pourrez ainsi vous construire votre propre référentiel des signes d’attirance physique que vous avez, ou non. C’est ce que j’ai fait, avec des femmes, et je vous propose mon propre référentiel qui m’a permis de conclure objectivement que je ne ressentais pas d’attirance physique. Je trouve d’ailleurs que c’est d’une ironie savoureuse ! Petit avertissement, je suis une femme, je n’ai eu des témoignages que de femmes, j’ignore donc dans quelle mesure ce référentiel peut concerner un homme.

Dans les romans, il n’est pas rare que les auteurs décrivent l’attraction physique comme quelque d’immédiat et d’irrésistible, avec les mains moites, la faiblesse dans les jambes, les fameux papillons dans le ventre ou une sensation de vertige. En fait, mes « témoins » ne décrivent pas de symptômes purement physiques, mais surtout des pensées et des émotions. Le seul symptôme physique décrit, comme une sensation du ventre qui se noue, ou un creux au ventre, est plus lié à l’anticipation de voir la personne, à l’appréhension et au doute quant à l’incertitude de la situation. Comment faire la part entre la naissance du sentiment amoureux et l’attirance physique dans ce cas ? Parce que dans une certaine mesure, j’ai ressenti ces sensations lorsque j’ai été amoureuse, cependant, je suis certaine qu’il n’y avait aucune attirance physique.

Est-ce que j’envisage des relations sexuelles avec quelqu’un d’autre ? Est-ce que je ressens des sentiments à son encontre ? Est-ce que j’ai envie d’en être proche physiquement ?

Plus décisives étaient la notion de plaisir et l’envie à l’idée de toucher l’autre physiquement, intimement, et d’envisager des relations sexuelles avec lui, d’en ressentir de l’excitation par anticipation. Clairement, c’est quelque chose que je n’ai jamais vécu, y compris quand j’étais amoureuse. Le sexe en général me laisse un peu curieuse (en fait, surtout la place que d’aucuns semblent lui accorder dans leur vie), le sexe où je serais une participante m’indiffère profondément. Ce n’est pas nécessairement une question de plaisir, les relations sexuelles que j’aie eues ont été plutôt agréables, c’est juste que ça ne me dit rien, et que ça ne m’a jamais manqué.

Il y avait aussi un désir de réciprocité de l’attirance, qui se traduit concrètement par une envie de séduire l’autre personne, y compris physiquement. Cela passe par un soin particulier à l’apparence physique, mais aussi par le comportement : essayer d’attirer son regard et de maintenir le contact, être plus proche de l’autre, entrer dans sa sphère personnelle, le toucher le plus souvent possible. Je ne sais pas si c’est inné ou si cela se raffine quand on acquiert de l’expérience. Clairement, je ne sais pas faire, et comme je n’ai pas une once d’intérêt à apprendre, ça restera comme ça. Mais ça peut être un autre indice.

Est-ce que me dire que je suis une personne asexuelle, qui ne ressent pas d’attirance physique pour les autres personnes est en accord avec moi-même ? Est-ce que cela me semble vrai ?

Je sais que je suis asexuelle et je sais que c’est normal. Je le sais parce que quand je me le dis, cela me semble vrai pour moi. De la même façon que quand je me dis que je suis une personne empathique, autonome et indépendante, je me sens en accord. A l’inverse, les explications communément données en réponse à un questionnement sur le manque d’attirance sexuelle me semblent étrangères, elles n’éveillent aucun écho chez moi. Je n’ai aucun sentiment refoulé ou traumatisme subi pendant l’enfance, je n’ai pas peur des hommes ou de l’intimité. Je l’ai déjà abordé ici, j’ai mis du temps avant d’accepter et de me sentir en accord avec mon asexualité. Je n’étais pas prête, et je pense que j’avais besoin de savoir si je ratais quelque chose. Aujourd’hui, je le sais, non, je ne rate rien à faire semblant, à faire comme les autres, parce je suis différente, et que ça me convient.

Je conclurai en disant que quelle que soit la réponse à la question de savoir si vous êtes une personne asexuelle, elle n’a pas à être définitive. Peut-être que vous vous dites que cette orientation n’est pas en accord avec qui vous êtes, et c’est très bien. Ou alors cela vous semble maintenant si évident que vous ressentez du soulagement à mettre un mot dessus et à savoir que vous n’êtes pas bizarre, cassé et que d’autres personnes sont comme vous, et c’est très bien. Ou alors, cet article ne vous a pas apporté les réponses espérées et vous êtes encore en questionnement, et c’est très bien aussi ! Les réponses sont rarement simples, mais elles sont toutes exactes à partir du moment où ce sont les vôtres. Donnez-vous donc le temps, et en attendant, vivez !

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