Avertissement : Alors, ce n’est pas évident au début de cet article, mais il finit en dégoulinant de bons sentiments, bien sucrés et collants comme des caramels mous. Je présente mes excuses à tous ceux chez qui il provoquerait une rage de dents.
C’est le retour au bureau, et le début de la saison des vœux de bonne année. J’aime bien adresser mes vœux, je pense à chacun et à ce qui pourrait lui faire plaisir et lui apporter un plus dans sa vie, et je le lui souhaite. Je ne trouve pas non plus que souhaiter avant tout la santé soit un gimmick ridicule, chacun a déjà pu constater à quel point être en bonne santé est une chance extraordinaire. Cependant, autant j’apprécie les sentiments altruistes qui semblent guider cette période d’échange de vœux, autant je n’adhère pas à l’injonction de faire la fête qui accompagne la fin de l’année.
Comme je le disais la semaine dernière, je ne fête pas Noël. Déjà, n’étant plus croyante, je ne me sens pas concernée par la naissance d’un enfant il y a quelques 2000 ans. Sans compter que tout le folklore qui accompagne maintenant ce jour est bien éloigné du message spirituel originel. Jésus, qui selon ceux qui y croient, s’incarne sur Terre pour être le sauveur des humains, vient au monde dans le dénuement le plus complet, dans une étable. Nous sommes loin de la débauche de sapins et de décors voyants, de la profusion de jouets offerts aux enfants et de l’overdose de nourriture qui semble être devenus la norme dans nos sociétés occidentales. Entendons-nous bien, je ne suis pas une rabat-joie. Encore faut-il qu’il y ait de la joie dans ces réunions de famille souvent maladroites où l’on évite de parler de choses qui pourraient être mal prises, ou pire, ou en en parle délibérément. Je dis oui aux repas en famille où l’on se retrouve pour le plaisir d’être ensemble et de partager un moment particulier, mais cela peut se faire n’importe quand ! Pourquoi l’imposer ainsi le 25 décembre ?
J’ai donc passé le réveillon de Noël dans mon lit, bien au chaud. Et c’est aussi comme ça que j’ai passé le réveillon du 31 décembre. Ici, pas de message spirituel, il s’agit de célébrer l’année qui se termine, et d’accueillir celle qui commence. Dans l’idéal, j’aurais aimé passer cette soirée entre amis, à parler agréablement de tout et de rien autour d’un repas qui fasse plaisir à tous. Mais je n’ai sans doute pas les amis qu’il me faudrait ce jour-là. Mes amis à moi sont comme ceux des films et des publicités, ils aiment sortir en soirée, dans une ambiance de fête bruyante où il y a beaucoup trop à boire et pas assez à manger, où chacun s’efforce de s’amuser, hurle le compte à rebours et tombe dans les bras de son voisin avec l’indispensable coupe de champagne à la main. Et comme j’ai beaucoup de chance, outre le 31 décembre donc, j’ai beaucoup d’occasions dans l’année de partager des moments privilégiés avec mes amis. Je passe donc mon tour ce jour-là avec un certain soulagement.
Parlons de la Saint-Valentin, fête des amoureux où si on est en couple, il est quasi-obligatoire de prévoir un dîner en amoureux, avec le petit cadeau qui va bien. Ou alors, d’afficher son désaccord de cette fête consumériste qui ne veut rien dire parce qu’on n’a pas besoin d’un jour particulier pour se dire qu’on s’aime en s’offrant des chocolats ? Dans les deux cas, je soupçonne une certaine hypocrisie, l’obligation de fêter d’un côté, l’obligation de ne pas fêter de l’autre. Autre fête où les chocolats s’écoulent en quantité littéralement industrielle, Pâques. Moins incontournable que Noël, mais pour beaucoup l’obligation de réunir la famille tout de même. Sans oublier la fête des fleuristes, autrement connue sous le nom de fête des mères. Là encore, l’obligation apprise dès la crèche de dire ce jour-là à sa mère qu’elle est la plus belle et qu’on l’aime. Avec des fleurs.
Alors, je ne critique pas l’existence de ces différentes fêtes, elles sont l’occasion de se retrouver en famille, entre amis, en couple et de se témoigner toute l’affection et l’attachement que nous ressentons les uns pour les autres. Je critique l’obligation de le faire à ces dates précises et l’authenticité qu’il manque souvent à ces réjouissances forcées. A mon sens, les traditions ne sont importantes que lorsqu’on y adhère personnellement, sans se sentir obligé, sinon, elles se vident de leur sens. Alors laissons le calendrier tranquille, et réjouissons-nous de l’existence de nos proches chaque jour. Mieux encore, disons-leur et montrons-leur l’importance qu’ils ont pour nous, comme ça, sans occasion particulière, juste parce que ça nous fait plaisir.