Il fait beau aujourd’hui à Paris, nous avons un grand ciel bleu, et cela me fait toujours aussi plaisir quand ça arrive. En plus, je porte une essence de jasmin, l’odeur me rappelle le printemps, ce qui me met toujours en joie. J’espère que vous aussi avez des causes de vous réjouir dans votre vie. Je vais parler de la sexualité des asexuels dans cet article. C’est un sujet que j’ai déjà abordé sur ce blog, mais au détour d’une conversation récente, je me suis dit que ça valait le coup d’en parler de nouveau.
Reprenons du début par la définition de l’asexualité, non officielle puisque le mot n’existe pas dans cette acceptation dans les éditions des dictionnaires qui ont pignon sur rue, j’ai nommé le Larousse et le Petit Robert. Mais j’en reparlerai dans un prochain article. L’asexualité, donc, est l’absence d’attirance physique pour toute autre personne. Il m’est arrivé de trouver le mot sexuelle à la place de physique, et pour moi, les deux sont équivalents, la personne asexuelle ne ressent pas cette envie qui vous porte à désirer physiquement d’avoir des relations sexuelles avec une autre personne.
Et je le redis, il est dommage que le mot ait été construit ainsi, car il contrevient à son analyse étymologique. Le préfixe « a- » étant privatif, par lui-même, il entretient la confusion dans l’esprit des gens. Sauf que, si on y regarde bien, les autres mots, comme hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel ne disent rien non plus de la réalité de la sexualité des personnes. Il peut exister de nombreuses raisons pour lesquelles une personne bisexuelle par exemple, c’est-à-dire ressentant une attirance sexuelle pour les hommes et pour les femmes, n’ait jamais eu que des rapports qu’avec les uns ou les autres exclusivement. Et si j’évite le sujet de la transsexualité, c’est uniquement dû à mon ignorance crasse et à ma volonté de ne blesser personne à mon insu.
Définissons maintenant la sexualité, qui englobe les phénomènes de la reproduction biologique des organismes, les comportements sexuels permettant cette reproduction et enfin les nombreux phénomènes culturels liés à ces comportements. Chez l’humain, on rajoute aussi la recherche du plaisir et de l’attachement en adultes (source : Wikipedia). Il est à noter que l’article Sexualité humaine de la même source ne cite pas une seule fois le mot asexualité.
C’est dommage, car rien n’empêche une personne asexuelle d’avoir une sexualité d’une part, ou une vie sexuelle d’autre part. Je peux comprendre pourquoi il semblerait logique que, sans objet pour exprimer sa sexualité, la personne asexuelle n’aurait pas de sexualité. C’est oublier que le premier objet de la sexualité de chacun est avant tout le sujet, soit soi-même. Quoique peu intéressée par le sexe en général, et de moins en moins en particulier, j’ai appris à explorer mon corps et à me masturber au même âge que la majorité des adolescents je pense. Dans mon cas personnel, les images que je convoque pour provoquer l’excitation ne me concernent jamais, dans le sens où je ne m’imagine jamais dans la scène, je ne sais pas si c’est spécifique à moi-même, à mon asexualité, ou à l’asexualité. D’ailleurs, petite confidence, j’avais assez vite compris à l’époque qu’essayer de m’imaginer dans un scénario érotique en me masturbant était le plus sûr moyen de me faire prendre sommeil. Voilà qui m’a sauvé de quelques insomnies, j’aurais souhaité que ce soit toujours le cas.
Alors, est-ce que ma vie sexuelle est aussi riche qu’une personne non asexuelle ? Tout dépend de la personne avec laquelle on me compare. Et comme pour cette hypothétique personne, ça dépend de nos choix personnels respectifs. Et c’est là que j’arrive à mon second point. Je fais le choix de ne plus avoir de rapports sexuels, y compris dans le cas d’une éventuelle relation romantique (oui, tout peut arriver dans la vie), parce que ça ne m’intéresse pas et dans ma vision de voir les choses, ça serait injuste pour un partenaire qui auraient les mêmes valeurs que moi quant à l’intimité. Mais ça reste une décision très personnelle qui ne dit rien de la façon dont les autres personnes asexuelles choisissent de vivre leur vie sexuelle. J’enfonce la porte ouverte devant moi, le sexe peut être autant une source de plaisir chez la personne asexuelle que chez n’importe qui d’autre. Dans ce cas, même sans attirance physique, pourquoi se le refuser ? Sans compter les aspects liés à la reproduction et à l’attachement que j’ai déjà aussi abordés dans d’autres articles. La notion importante et centrale doit rester le choix de chacun, en l’absence de toute contrainte.
Pour essayer de mieux me faire comprendre, je vais faire une analogie qui vaut ce qu’elle vaut, comme toutes les analogies, elle a ses limites, nombreuses. Imaginons que l’attirance sexuelle soit comme la faim. Pour la majorité des personnes, il est normal de ressentir la faim, on n’aurait pas idée que certaines personnes n’aient jamais faim. Et bien si, ça existe. Est-ce que ça signifie que ces personnes sont incapables de manger ou ne mangent jamais ? Non, elles mangent. Parmi elles, certaines vont le faire juste pour se nourrir, sans y prendre aucun plaisir. D’autres vont y prendre du plaisir sur le moment sans pour autant ressentir de l’intérêt pour l’activité. D’autres encore vont manger comme tout le monde, parce que même sans avoir jamais faim, elles ressentent du plaisir à manger, et c’est ce que tout le monde fait. D’autres préféreront manger seuls, d’autres apprécieront une ambiance conviviale. Tous les choix sont possibles, et ils sont tous équivalents, aucun n’est supérieur à l’autre.
Tout ça pour dire que la personne asexuelle a une sexualité, et que celle-ci peut s’exprimer d’une multitude de façons. Pas plus que vous ne prétendriez connaître la sexualité et la vie sexuelle d’une personne hétérosexuelle, vous ne pouvez prétendre connaître celle d’une personne asexuelle. D’ailleurs, de façon générale, ne présumons rien de la vie des autres, même ceux que nous pensons bien connaître. Voilà qui rendra un grand service à l’humanité.