Bonjour à tous ! Je vous souhaite d’avoir autant de joies et de satisfactions dans votre vie que moi-même. Le mois de février amène toujours des sentiments ambivalents, entre souvenirs amers et espoirs liés au renouveau amené par le printemps. D’ailleurs, les jours rallongent et pour moi, à Paris, ça commence à être bien perceptible, c’est formidable ! J’ai fait la paix avec le froid et la nuit, mais je préférerai toujours le soleil et la lumière !
Cet article fait suite à l’article de la semaine dernière, c’est son compagnon en quelque sorte. En effet, il me semble que toute la phase dite de révolution sexuelle ne peut se comprendre qu’en rapport à la contrainte exercée par les prescriptions religieuses sur la société, en particulier sur les femmes. Aussi appelée libération sexuelle, cette période recouvre les changements substantiels du comportement sexuel et des mœurs sexuelles intervenus en Occident durant les années 1950 et au début des années 1960 et entre 1966 et 1975 par la légalisation de la contraception et de l’avortement via la reconnaissance des sexualités non procréatrices (source Wikipedia, comme d’habitude). Wikipedia note également qu’elle s’accompagne d’évolutions législatives donnant plus d’autonomie et d’indépendance aux femmes.
Pour moi qui ai grandi après cette période, il m’est difficile d’imaginer une vie où je n’aurais pas le droit de vote, le droit de travailler et de disposer de mes revenus si j’avais choisi de me marier, le droit de décider d’avoir des enfants. Et peut-on parler du choix de se marier et de procréer d’ailleurs ? En en discutant avec ma mère et mes tantes nées juste après la seconde guerre mondiale, se marier était alors la seule voie pour s’établir et quitter la tutelle de ses parents. Pour se soumettre à celle de son mari bien souvent. Et je reprends ici ce que je disais dans mon article sur la vie privilégiée que je mène pour souligner que c’est encore le cas dans certains pays. Donc indéniablement, cette période a grandement amélioré la vie des femmes en France, et je suis heureuse de bénéficier chaque jour de ses acquis.
Cependant, je m’interroge sur d’éventuels effets indésirables, liés aux inconvénients des avantages gagnés. Si je reprends l’image de la femme avant la révolution sexuelle, notamment celle véhiculée dans les journaux et la télévision de l’époque, il s’agit soit de très jeunes filles, à l’aspect lisse voir virginal, avant le mariage qui ne saurait tarder, soit de mères de famille, respectables, dans leur intérieur impeccable et entourées de leurs enfants, parfaits angelots. Je pense notamment aux photos des Kennedy, ayant vu encore aujourd’hui un portrait de John et Jackie à la une d’un hebdomadaire qui pèse ses mots et choque avec ses photos. Et ayant eu quelques instants à passer dans une gare hier, j’en ai profité pour regarder les photos en couverture des magazines féminins.
Nous y voyons toujours des jeunes femmes, peu de femmes mûres, et quand c’est le cas, entre le botox et photoshop, il est difficile de leur donner un âge. Elles sont souvent dénudées, toujours parfaitement maquillées et leur attitude est composée naturelle. Et que s’imagine-t-on de leur vie ? Les titres des articles qui entourent leurs photos justement ; qu’elles n’ont pas de tabou, qu’elles s’amusent encore au bout de la 897ème fois, qu’elles atteignent l’orgasme à tous les coups, qu’elles sont des mères, aussi célibataires, épanouies, qu’elles réussissent dans leur carrière et qu’elles y trouvent un équilibre béat … Entendons-nous bien, c’est une bonne chose que les femmes se saisissent et s’approprient enfin le sujet de leur sexualité, et notamment celui de leur consentement, et de tous leurs autres choix de vie. Je soutiens entièrement les revendications de ceux et celles qui veulent que les femmes, et notamment les plus jeunes, ne soient plus considérées comme des objets sexuels à posséder.
Seulement, cela véhicule l’idée qu’une femme épanouie est une femme qui a une vie sexuelle active, quels que soient les partenaires qu’elle se choisit. Et a contrario, qu’une femme qui n’a pas de vie sexuelle ne peut pas être épanouie, qu’elle rate quelque chose dans sa vie, qu’elle est coincée. C’est toujours ce terme qui revient, avec son idée d’enfermement et de malaise. Et même si j’ai pris la presse féminine comme exemple, dans les faits, c’est toute la société qui propage ces préjugés. Or il me semble que la libération sexuelle, c’est avant tout être libre d’avoir le choix. Oui, elle a permis aux femmes d’avoir des relations sexuelles hors mariage, de ne plus être montrées du doigt si elles avaient un enfant dit illégitime ou si elles étaient divorcées, et c’est formidable.
Et oui, elle doit aussi permettre aux femmes de choisir de ne pas se marier, de ne pas avoir d’enfant, de ne pas avoir de vie sexuelle, et de trouver ça naturel. Elle doit permettre à ces femmes d’en être tout aussi épanouies que n’importe quelle autre femme, et que la société les voit comme telles. Cela va d’ailleurs au-delà de la sexualité, de l’asexualité, et des femmes. La révolutions sexuelle, c’est aussi trouver normal qu’un homme fasse le choix de ne pas avoir de vie professionnelle pour s’occuper de ses enfants, qu’il ne multiplie pas les conquêtes ou qu’il dise non à une femme qui lui fait des propositions … Nous avons la chance d’avoir fait beaucoup de chemin dans l’évolution des mœurs depuis les années soixante-dix, alors allons jusqu’au bout, et admettons une fois pour toutes que l’épanouissement, la réussite et le bonheur ne peuvent s’évaluer que sur des critères personnels, propres à chacun et que tous se valent à partir du moment où ils ne nuisent pas aux autres.
Je suis une femme pleinement heureuse, j’ai eu la liberté de faire tous les choix dans ma vie. Ces choix ne sont peut-être pas conventionnels, ils sont toutefois normaux, et surtout, ils ne disent rien de ma personnalité ou de ma moralité. Dans un monde idéal, j’aimerais qu’on arrête de m’en demander les raisons, comme si je devais me justifier. Nous n’y sommes pas encore, mais j’ai bon espoir. Après tout, nous avons bien réussi à abandonner l’idée d’imposer aux gauchers d’être droitiers, même s’ils sont contraints de vivre dans un monde de droitiers. Il en ira de même pour l’asexualité.