Vues asexuelles, toujours dans la pandémie …

Long time, no see … Je n’ai pas disparu. Je suis simplement, comme tout le monde j’ai l’impression, dans une sorte d’univers parallèle où comme certaines certitudes sont remises en question, plus rien ne semble certain. Et alors que j’ai moi-même publié sur ce blog un article autour du thème de la déconstruction de la normalité, voilà que je me surprends à attendre que tout redevienne normal, comme avant. Sauf que c’est impossible, je ne peux qu’espérer qu’il me sera facile d’adopter le nouveau normal qui émergera post-pandémie. Oui, mais voilà, bien malin qui peut dire quand arrivera le temps de la post-pandémie. En attendant, ben, on attend, suspendu aux chiffres quotidiens, aux polémiques, aux prises de parole de machin ou truc …

Quelle conduite tenir ? Je ne vois pas, je ne sais pas comment font ces gens sur les réseaux sociaux, Instagram et Youtube pour ne pas les nommer, qui paraissent poursuivre leur vie sans se poser plus de question que ça. Je précise que je ne suis abonnée à aucune chaîne française, et c’est certainement moi qui sélectionne mal les personnes que je souhaite suivre. En même temps, j’ai l’impression que cette pandémie remet mes choix de vie les plus structurants en question.

Alors, il va de soit mais je préfère le dire quand même, je suis asexuelle, et pas plus que la pandémie n’amène les hétérosexuels à se poser des questions sur leur sexualité, je ne m’en pose pas non plus. De même, j’ai fait le choix d’être célibataire, ou plutôt celui de ne pas activement chercher un homme avec qui construire un projet de vie. Et je ne le remets pas en question pour l’instant, je ne me sens pas prête à le faire, malgré une année de réflexions à ce sujet. Je ne m’oblige d’ailleurs pas à être prête un jour, c’est l’avantage d’apprécier autant sa propre compagnie. Enfin, la plupart du temps.

Car c’est une leçon apprise à la dure loi du premier confinement, de la distanciation physique et du port du masque qui ont complètement bouleversés la façon dont je perçois les liens sociaux. J’ai toujours été très introvertie, je n’ai besoin que peu de contacts avec les autres. J’ai toutefois appris que ce peu de contacts était essentiel. Que celui qui pendant le confinement n’est pas sorti faire ses courses essentielles plusieurs fois par semaine me jette la première pierre (virtuelle) ! J’ai aussi appris que finalement, j’étais plus tactile que je ne le pensais. Si la bise à la française ne me manque pas plus que ça, pouvoir me rapprocher des personnes, les toucher sans porter à conséquence, à l’épaule, sur la main … Ou même se rapprocher d’eux pour échanger certaines confidences à voie basse, en signe de complicité, je trouve que ça manque et que ça appauvrit la richesse de la communication.

Sans compter le couvre-feu qui de fait, supprime la vie sociale, au-delà même de la fermeture des restaurants, des cinémas, des salles de théâtre, des musées. Alors oui, on pourrait se dire que c’est le moment pour se pencher sur soi et développer sa vie intérieure. Ou on peut se dire aussi qu’on a tous besoin d’avoir des activités extérieures, de voir l’autre et de se voir dans le regard de l’autre pour justement se construire soi. Sinon, on tourne en rond dans son appartement parisien et on parcourt des km qui ne mènent nulle part, au propre comme au figuré.

J’ai de la chance, j’ai pu trouver refuge dans un autre lieu pour le confinement de l’automne, un lieu où je suis en famille. Et bien que cela pose ses propres défis, c’est un choix qui me fait beaucoup de bien, car je n’ai pas que le téléphone ou rarement la vidéo, ersatz appréciables mais désincarnés, pour maintenir un contact humain. Et voici un des choix de vie que je remets en question, celui de vivre loin des miens.

Le second choix de vie sur lequel je m’interroge est mon travail. J’en suis satisfaite, il m’apporte de nombreuses satisfactions dont la moindre n’est pas un salaire me permettant de vivre confortablement. Je viens d’ailleurs d’opérer une reconversion professionnelle (et à distance, c’est compliqué) que j’ai longtemps voulue et dont je suis particulièrement contente. Mais je sais aussi qu’il a une utilité sociale limitée nous dirons. Et pour la prochaine reconversion, pourquoi ne pas explorer les opportunités en ce sens ? Je n’ai jamais sérieusement considéré avoir un métier dans le domaine médical, ce n’est pas en accord avec ma personnalité. Mais pourquoi pas dans l’enseignement ? Il s’agit de me créer des opportunités, et c’est pourquoi j’ai entamé à la rentrée de septembre un projet important pour moi, dont j’espère pouvoir parler un jour sur ce blog, qu’il réussisse ou qu’il échoue.

Comment conclure ? Tout simplement en nous souhaitant à tous que nous prenions les jours un après l’autre, et l’un chacun différent de l’autre, afin de ne pas se laisser enliser dans l’incertitude et dans un temps suspendu aux décisions des autres, quels qu’ils soient. Car je le pense et le dit souvent, le temps, c’est tout ce que nous avons, alors tentons de ne pas le laisser filer entre nos doigts.

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