Me voici de retour après deux semaines de silence sur ce blog. La première semaine était prévue, c’était d’ailleurs pour une excellente raison, la meilleure d’entre toutes, une semaine de vacances au soleil. La seconde semaine était subie, le retour de vacances a été très rude. C’est derrière moi maintenant, et le solstice d’hiver également aussi ! La nuit la plus longue de l’année a eu lieu, je suis contente de guetter les minutes de lumière en plus qui se rajouteront bientôt.
J’étais donc en vacances dans un pays exotique que je ne connaissais pas encore, et au-delà des magnifiques paysages et des découvertes, j’ai eu l’occasion de prendre du recul sur moi-même et de faire un peu d’introspection. Ce qui allait un peu à contre-courant du type de vacances que j’avais choisies, nous étions un petit groupe et j’aurais pensé au contraire que ce serait une opportunité pour forcer un peu ma nature introvertie et aller vers les autres. En fait, j’ai fait un peu des deux. Et parmi mes sujets de réflexions, il y avait mon asexualité.
Vous comprenez, c’était la première fois que je partais en vacances avec des inconnus depuis qu’au-delà d’accepter mon asexualité, je la revendique (enfin, presque, j’attends quand même que la situation s’y prête). Vous connaissez mon opinion sur le fait de ne pas hésiter à le dire. A force, cela devrait devenir banal, enfin, je l’espère sans être trop optimiste. Car quand je vois la stigmatisation dont sont toujours victimes tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule étroit de l’hétérosexualité, je me dis que le chemin à parcourir est encore long. Mais je m’éloigne du sujet.
Comme je suis quelqu’un d’assez maladroit socialement, j’avais décidé de préparer des réponses aux questions concernant le fait que je voyage seule, mon célibat, l’absence d’enfant à mon âge … Vous pensez que je verse dans la paranoïa, ou dans l’égocentrisme. Il n’en est rien, je ne pense pas du tout que plus que moi, les autres personnes ont du temps à perdre à s’interroger sur la vie personnelle des autres. Seulement, depuis que je voyage seule mais en groupe et que donc à ces occasions, je rencontre des personnes pour la première fois, ces sujets arrivent toujours sur le tapis, le plus souvent aux alentours du 3ème ou 4ème jour, une fois qu’une certaine familiarité s’est installée.
Il y a cinq ans, je me suis inventée un ami qui m’aurait laissée tomber juste avant le départ, ce qui m’a attirée beaucoup de sympathie sur le moment. J’ai aussi dit que je cherchais mais que mon niveau d’exigence était élevée, la réaction était moins sympathique déjà. Une autre fois, j’ai simplement dit que j’aimais bien voyager seule, et mon interlocuteur m’a regardée avec un tel air de commisération que j’ai craint qu’il ne se mette à pleurer. L’année dernière encore, quand j’ai répondu que j’étais célibataire par choix, un ange a passé et je me suis sentie obligée de relancer la conversation sur un autre sujet. Sans compter toutes les fois (peu en vérité) où la confirmation de mon célibat était confondue avec une invitation à me faire draguer.
Mais je m’étais dit que cette fois-ci, ce serait différent. Que je répondrais que j’étais célibataire et parfaitement heureuse ainsi. Et que si une question plus précise était posée, je répondrais que j’étais asexuelle comme la chose la plus naturelle du monde (ce que c’est, entendons-nous bien). Et que si la question des enfants venait sur le tapis, je répondrais par « Et toi, pourquoi tu en as ? » avec l’air d’être dévorée de curiosité. J’étais prête vous dis-je.
Bon, je ne ferai pas durer le suspense plus longtemps, pour la première fois, la question ne m’a pas été posée. Je dirais même plus, la question ne s’est pas trouvée en situation de m’être posée. Nous étions un petit groupe, moins de quinze personnes, et oui, les situations familiales et personnelles des uns et des autres ont été abordées. Notamment celles des autres personnes voyageant en solo. Parmi elles, certaines étaient en couple, d’autres mariées, d’autres célibataires. Mais à moi, aucune question. C’est étrange, comme si mon indifférence totale par rapport à cette question s’était communiquée à mes interlocuteurs. Et je n’ai été ni soulagée ni déçue que la question ne se pose pas, juste ravie de profiter de cette bulle.
Car pour moi, et ça peut paraître paradoxal étant donné le soin que j’avais apporté à préparer mes réponses et la nonchalance avec laquelle je voulais les donner, c’est mon attitude qui a fait toute la différence. Je n’étais pas sur la défensive, je ne faisais pas semblant de m’intéresser ou de me défier d’éventuelles interactions entre les célibataires du groupe (en même temps, il n’y en avait pas beaucoup non plus), et bien que j’ai beaucoup parlé de moi pendant cette semaine, au moins autant que les autres, je ne me suis jamais sentie comme devant me justifier de qui j’étais et de mes choix de vie. En fait, elle est là ma réussite de personne asexuelle, pouvoir être moi sans que cela ne pose de questions.
Pour finir, un sujet tout à fait différent mais qui me tient cœur car j’espère réellement que les choses changent un jour, le plus proche possible. Comme j’aime mon espace, j’avais choisi de payer le supplément single, par ailleurs tout à fait raisonnable. Et par un concours de circonstances, les personnes qui ne l’avaient pas payé et auraient donc dû occuper la même chambre étaient un homme et une femme. Sauf que cela ne se fait pas, c’est impensable. Pourquoi ? Parce que ce ne serait pas correct, voyons. Le pire est que la vraie raison est que dans ce cas-là, la femme ne pourrait pas se sentir en sécurité. Comment pouvons-nous encore accepter en tant que femmes de ne pas nous sentir en sécurité en présence d’un homme tout simplement parce que c’est un homme et que nous avons peur d’une agression ? Un homme a-t-il les mêmes préventions ? Comment et pourquoi la société ne nous garantit-elle pas le même droit que les hommes à nous sentir en sécurité ? Certainement un sujet à développer dans un futur article …
Les questions sur le voyage solitaire quand on est une femme sont toujours dérangeantes mais je trouve que ça évolue petit à petit et heureusement! Aujourd’hui hommes et femmes voyagent de plus en plus seuls, et les gens commencent à accepter.
Pour la chambre j’ai un peu du mal à comprendre. Il existe plein d’auberge de jeunesses mixtes, je me suis retrouvée plusieurs fois à être la seule fille du dortoir et je n’ai jamais eu de problèmes, les gens sont la plus part du temps civilisés.
Bonne fêtes de fin d’années
J’aimeJ’aime
Bonjour, je te remercie beaucoup de ton commentaire ! En ce qui concerne la chambre, ce qui posait problème à mon avis, c’était qu’un seul homme et une seule femme se retrouvent ensemble. Moi aussi j’ai déjà eu l’occasion de partager une chambre mixte où nous étions plusieurs et ça n’a posé de problèmes à personne. Cependant, j’hésiterais si je devais être seule avec un inconnu. J’ai été enchantée de découvrir ton blog qui abordent beaucoup de sujets qui m’intéressent !
J’aimeAimé par 1 personne